(2011/LYCEE) breakfast club

"Mais dans cette classe, nous étions plus des étrangers que des amis.
Et aucun de nous n'aurait pu deviner que notre vie
allait changer, à jamais"
with the BreakfastClub.

Le soleil se lève doucement dans ta chambre, tu as envie de te lever pour fermer le rideau et profiter encore un peu de la matinée pour tes songes mais la réalité te rattrapes rapidement quand ton réveil sonne. Un long soupir annonce le début d'une journée que tu n'as pas hâte de vivre et tu rejoins la salle de bain pour te préparer. La maison est vide, une fois de plus tes parents ne sont même pas là pour te faire un sermon sur ton heure de colle qui va venir entacher ton dossier scolaire, ni même sur la raison de ta punition. Raison que tu ne comprends pas mais soit, tu supposes qu'il fallait un coupable et puis envoyer balader un prof en plus du reste n'avait pas joué en ta faveur. Un dernier coup d'oeil dans le miroir et te voilà, prête à rejoindre le lycée. En partant, tu croises Pipa à qui tu adresses un simple sourire, un peu maladroit. Et comme toujours, tu t'échappes avant qu'une conversation ne débute. Pourquoi ? Tu l'ignores, le temps vous a séparé, c'est la vie. Enfin, c'est ce que tu te dis. Il est dix heures quand tu arrives en colle en ce samedi matin et soyons clair, tu n'as aucune envie d'être là. A vrai dire, tu ne comprends même pas vraiment pourquoi tu es là, mais tu ne veux pas faire de vagues Aylin et surtout, tu ne veux pas hériter d'encore plus de temps ici alors tu t'arranges pour arriver à l'heure, comme toujours. Tu salues votre surveillant qui te fait rapidement comprendre que lui non plus ne veut pas être là et tu rejoins la salle sans même prêter un regard aux personnes déjà présente. A vrai dire, Ragnar n'est pas là et tes amis n'ayant pas assumé votre bêtise non plus alors à quoi bon. Naturellement, tu t'installes plutôt dans le fond de la pièce et tu sors un cahier et un crayon. Plus vite le devoir sera fini, plus vite tu seras libre. C'est le deal, non ?

( breakfast club )
 @aylin bendóttir  @thòra eyjolfsdòttir  @bailey richardson  @laïos magnússon  

Un putain de cauchemar. Rien de plus, rien de moins. Ça tourne furieusement en boucle dans sa tête lorsqu'elle éteint le réveil d'un geste rageur. Lorsqu'elle se force à avaler un bol de céréales insipides. Lorsqu'elle s'habille et lorsqu'elle claque rageusement la porte de la maison. Comme si la journée ne pouvait pas s'annoncer plus noire, elle se voit forcée de faire un détour par la demeure des James-Bendottir. Ça laisse le temps à la matriarche de lui lancer un regard noir, les poings plantés sur les hanches, à se demander ce qu'elle a fait de faux pour élever une fille bagarreuse. Bagarreuse. Le grotesque de toute cette situation fait presque sourire la brune, jusqu'à ce qu'elle file en plein – et énième - sermon au moment même où ses iris s'accrochent à la silhouette gracile d'Aylin qui émerge dans le couloir de la somptueuse demeure.

En retard pour son premier jour de colle. Il est 10 heures lorsqu'elle cadenasse son vélo devant un lycée désert. Elle n'en attendait pas moins pour un samedi matin et pourtant, cette triste vision rajoute une couche de morosité à une journée qui s'annonce des plus lugubre. Ses écouteurs solidement vissés dans ses oreilles, Pipa remontre le couloir d'un pas rapide. Direction la salle de retenue. Sa punition qui s'étalera sur deux semaines pour avoir osé gifler une camarade. Ce court trajet lui laisse le temps de réfléchir. Probablement le but de l'exercice. Alors qu'elle pousse la porte de la salle de retenue, elle aurait juré que si c'était à refaire, elle n'hésiterait pas une seule seconde. Ça c'était jusqu'à ce que son regard chocolat s'arrête sur une silhouette. Aylin.

« Putain j'y crois pas. » Entre le rire et le cri de surprise, elle se fige sur le pas de la porte. Les mots s'envolent, s'échappent sans qu'elle ne puisse les retenir. Pas assez fort, espère-t-elle pour être entendue de la blonde, du surveillant et des quelques élèves installés aux quatre coins de la classe. La surprise de la voir elle parmi tous les trouble-fêtes que le lycée abrite. Le malaise de se retrouver une journée entière en sa compagnie dans un silence de plomb. Deux fois en une journée, c'est décidément trop. Un putain de cauchemar. Rien de plus, rien de moins. Reprenant ses esprits, la brune s'anime. Un seul objectif : s'asseoir le plus loin possible d'Aylin. Pour se faire, Filipa se jette littéralement sur le sac à dos d'un élève assis au fond de la classe, qui trône sur une table. C'est cette table qu'elle veut parmi les nombreuses libre. La plus éloignée possible d'Aylin.« C'est libre ? Tu permets ? Parfait merci ! » Ni une, ni deux. Sans un regard pour son ancienne amie, sans attendre une invitation formelle ou une quelconque réponse de l'élève, la brune s'installe. Un putain de cauchemar. Rien de plus, rien de moins.

BreakfastClub.

Il rabat la couette sur sa tête avec un juron. Bailey sait qu’il aurait du fermer les volets en rentrant ou au moins fermer les rideaux mais il s’était juste glissé dans ses draps avant de s’endormir. Ça tapait dans sa crâne, un rythme soutenu, un souvenir laissé par sa nuit, passé dehors sur les marches de l’hôtel de ville, avec une bouteille à la main. Il soupira avant de se tirer de son lit. Il avait une sale tronche. Des cernes creusés, le teint un peu pâle. Peut-être que ça suffirait pour que le surveillant le renvoie chez lui ? Il se dévisagea encore un peu dans le miroir, scruta ses cheveux, sa mine fatiguée. Il devait arrêter de faire ça, il savait. Mais tout ce qu’il voyait en rentrant chez lui, c’était un père qui n’avait toujours pas fait son deuil et qui se noyait dans l’alcool. Pourtant, plus aucun souvenir de sa mère. Les photos avaient été enlevées, les décorations changées aux fils des années. C’était presque comme si elle n’avait jamais existé. Il ouvrit le robinet, se passa un peu d’eau sur le visage avant d’enfiler un des pulls soigneusement pliés, seul truc à peu près rangé dans le chaos de sa chambre, petite attention de sa grand-mère qui était sans doute passée dans la semaine.

Personne dans la maison quand il passa. Un silence de mort. Au moins, quelqu’un avait fait les courses. Il fourra dans ses poches de quoi petit déjeuner sur le chemin. Il était seulement à dix minutes à pieds du lycée, petit avantage non négligeable. Au moins, il ne se faisait pas coller parce qu’il arrivait en retard. Non, le motif officiel était « insubordination et insolence », parce que cet imbécile de prof de littérature n’avait pas aimé être contredit. Il avait sûrement était aussi insolent dans le processus mais il s’était emporté dans l’amour qu’il portait à Mary Shelley. De plus, il était habitué aux heures de colle, c’était ni la première et ça ne serait pas la dernière. Son père ? Oh, il ne savait pas. Bailey maîtrisait à la perfection sa signature. Et ils se croisaient à peine. De toute façon, c’était décidé, dès dix huit ans, il se cassait.

Il est juste à l’heure quand il passe les portes de la salle de colle, sans vraiment regarder qui se trouvait dedans. Il choisit une place éloignée, celle contre la fenêtre et le radiateur, au fond. Bailey jette son sac sur la table, en sort un bouquin et un carnet et se met à gribouiller. Ça passe vite en général. Et puis au moins, il tourne en rond ailleurs que chez lui. Il a pas le temps de répliquer qu’une tornade brune vient s’installer à côté de lui. Surtout, te dérange pas, fais comme chez toi. C’est pas comme si toute la salle était libre. Il soupire avec un sourire hypocrite avant de se reporter sur ses gribouillis.