(ELIAS THORNSON) De s'être trop serré

Alors au début ça se passait bien. Au début, il était question de deux individus, Thorn et Mary qui se sont aimés et qui ont eu un enfant. Après les voisins, ça se passait bien, leur couple était solide, les deux travaillaient dur, lui tondait la pelouse le dimanche et parfois même ils organisaient des barbecues avec le gamin qui courait dans le jardin. Vraiment une jolie petite vie de famille. Le petit Elias était super mignon en plus avec ses petites boucles et sa petite fête qui ressemblait à sa mère.
En fait les voisins ne voyaient pas que le père rentrait trop tard tous les soirs et ce n'est pas qu'il était au boulot. Non, il était chez d'autres. Parce que lui et sa femme, ça ne collait plus, il n'y avait plus trop d'amour et puis bon son fils en fait il s'en fichait un peu, c'était juste sympa de l'avoir eu mais il n'y pensait pas vraiment. Il l'emmenait à l'école de temps en temps, il lui arrivait de jouer au football mais bon. Alors Thorn allait voir ailleurs, des fois il disait même qu'il avait des formations ou des week end de boulot à l'autre bout du pays. Des autres femmes qu'il allait voir et Mary ne disait rien et surtout pas à son fils. Elias a un demi-frère d'ailleurs, plus jeune que lui, il l'a su bien après. Mais bref, passons.
Ca se passait bien au début, pendant longtemps ça se passait bien. Personne n'y voyait que du feu. Elias grandissait, se passait de son daron, même si des fois ils allaient voir des matchs de basket ensemble. Il restait plus proche de sa mère qu'il aidait dans la maison, elle lui apprenait à coudre, à allumer l'aspirateur mais aussi à cuire des bons rôtis parce que les repas de famille étaient quand même important, même s'ils n'étaient que deux. Et le chat, qui avait droit au reste et qui grossissait à vue d'oeil. Ce n'était pas triste. C'était, juste. Et ça continuait d'avancer tranquillement. Le jeune homme allait au lycée, se faisait des copains, des copines, il rentra même dans l'équipe de basket et il avait le projet de devenir infirmier. Pour soigner les bobos des gens. Ca lui date de l'enfance, c'était un jeu à la base. Cherchez pas.
Il l'avait même commencé sa formation, vivant pendant trois mois dans ce petit appartement minable proche de son école, payé par ses parents en prime parce que l'école coûtait assez cher. Et puis un accroc, un drame dans le plan prévu, dans tout le manège mis en place. Mary savait bien que son mari poignardait le contrat conjugal depuis tout ce temps. Et puis cette plainte de cette fille, qui n'était pas majeure. Et tous les voisins et les invités du barbecue au courant et tous les copains d'Elias, toutes les mamans du club de couture. Impossible de prouver le consentement. Et Thorn finit en prison avec cet horrible crime comme étiquette sur la tête. Plus si ouf l'ambiance à la maison.
Alors Elias quitte sa formation et reste avec maman. Il rend le petit appartement, ils vendent la maison, ils partent à l'autre bout de la ville mais ça ne suffit pas trop. Mary prend un deuxième travail. Parce que faut continuer à acheter les rôtis. Il y a une drôle d'ambiance dans la maison. Les deux habitants savent ce qu'il s'est passé. Ils savent bien qu'Elias commence à travailler pour aider sa maman. Ils savent bien que des fois l'avocat appelle pour donner des nouvelles. Mary ne porte plus son alliance bien qu'elle soit toujours mariée. Mais personne ne parle plus de Thorn. Il n'est plus dans la maison, physiquement comme psychiquement. C'est le silence qui a pris sa place. Bon quoi d'autre alors voilà Elias bosse dans une supérette donc normalement il ne va pas chez la concurrence genre les grands supermarchés ou les concurrents, ça l'intéresse pas. Mais ce jour là il est en congé et sa maman a oublié de récupérer un truc ou des cotons on sait pas il sait plus mais bref il se retrouve là dans le rayon où y a le pq et puis y a ce gars avec des boucles qui fait une blague et quand il sort et qu'il se retrouve dans le tram il a son portable avec son numéro dedans. C'est drôle son horoscope lui prévoyait de la chance en amour ce jour-là. En vrai ils ont parlé, un peu, beaucoup, par message, ils se sont vus et pas longtemps après, Elias et Bailey étaient ensemble. Alors ce n'est pas qu'Elias n'avait eu personne avant. Mais pas comme ça. Pas autant. Il se disait que c'était le bon en fait, qu'il avait trouvé sa personne, sa moitié, que c'était bon, il était casé. Il lui a présenté sa mère. Il lui a parlé de son père, il lui a présenté ses potes, ils sont partis en vacances ensemble, ils ont dormi avec des chaussettes au lit quoi. Il connait sa pizza préférée. Fin c'était bien quoi et Elias était heureux. Il avait envie d'y croire. Il n'aurait pas pensé qu'il serait ce gars heureux en couple qui envoie des sms adorables avec des mots doux, qui laisse des posts-it pour son amant mais il l'était et il était bien. Il était bien et heureux et avec Bailey. Il avait des projets, il avait l'idée de vivre avec lui pour toujours et il tiquait quand il voyait des bagues. Il avait des projets d'avenir et il voyait Bailey dedans. La grande histoire d'amour quoi.
Et puis en janvier, l'accident, les ski partis au loin et la tête au sol, Elias a crié comme jamais. La peur de sa vie, il s'en souvient encore. Encore un accroc. Et l'hôpital. Les annonces. Les medeçins. Et l'existence qui bascule et qui frappe, dur. Elias a peur, évidemment, une trouille terrible. Mais il a l'espoir il se dit que bon les histoires d'amour, ça finit bien. C'est pas le cas. Bailey le rejette, clairement et part. Loin. Vite. Et voilà et c'est fini et le vide revient dans sa vie. Affolant comme le silence est pesant dans son appartement qui sent encore le patchouli. Elias ne comprend pas, Bailey lui manque alors il fait comme sa mère, il prend un chat qui perd ses poils mais ne comble pas le vide dans son lit ni dans sa vie. Elias perd le sourire et prend plus d'heures au taf pour oublier. Il est promu depuis peu. Et il a toujours sa formation le week end, pour l'instant en hygiène. Parce que regarder les packs de papier toilette lui fait mal, qu'il a besoin de changer d'air et qu'au salon d'une de ses potes, c'est trop le merdier. Chez lui il a toujours une boîte avec des affaires à Bailey. Il faudrait qu'il passe le voir pour lui rendre mais il préfère garder un petit bout de lui chez lui. Il continue d'envoyer des petits mots, espérant une réponse et il le guette. Il veut le retrouver. Le récupérer. Mais cette trouille ne l'a pas quitté. Il ne sait pas le pire, le voir et le perdre ou l'avoir perdu pour de bon.